Pourquoi n’y-a-t-il pas de prix Nobel en mathématiques ?

Le Prix Nobel est la plus haute distinction dans le domaine scientifique. Mais pourquoi donc n'y-a-t-il pas de prix Nobel en mathématiques ?
Culture
Publié le :
4/12/2023

Depuis plus d'un siècle, le Prix Nobel est considéré comme l'une des plus hautes distinctions dans le domaine de la science et de la littérature. Il récompense les esprits brillants qui ont apporté des contributions exceptionnelles dans leurs domaines respectifs.

Pourtant, malgré cette grandeur et cette renommée, une question demeure : pourquoi n'y a-t-il pas de prix Nobel en mathématiques ?

La poésie des sciences

La mathématique est souvent considérée comme la reine des sciences, dont on dit qu'elle est "la poésie des sciences". Elle est le langage de l'univers, permettant de décrire les lois fondamentales qui régissent notre réalité. Au fil des siècles, elles ont façonné notre compréhension de l'univers, des lois qui le régissent et des structures qui le sous-tendent. Dans ce domaine, les esprits les plus brillants se sont engagés dans une quête sans fin pour percer les mystères des nombres et des formes.

Malgré cette importance primordiale des mathématiques, il est intéressant de noter que le Prix Nobel, créé par le philanthrope suédois Alfred Nobel en 1895, ne prévoit pas de catégorie pour cette discipline. La question est donc de savoir pourquoi un domaine aussi fondamental et profondément connecté à toutes les autres sciences n'a pas été inclus dans cette prestigieuse récompense.

La réserve d'Alfred Nobel

Pour comprendre cette omission, il est essentiel d'examiner les motivations d'Alfred Nobel lui-même lorsqu'il a établi les prix. Lors de la rédaction de son testament, Nobel a spécifiquement mentionné les domaines de la physique, de la chimie, de la physiologie ou médecine, de la littérature et de la paix. Les raisons exactes de cette sélection restent floues, mais il est possible qu'Alfred Nobel ait été particulièrement impressionné par les avancées scientifiques et technologiques de son époque.

Nobel, étant lui-même inventeur et chimiste, aurait pu accorder plus d'importance aux domaines scientifiques appliqués, tels que la physique, la chimie et la médecine, qui avaient des implications directes sur la société. La mathématique pure, quant à elle, peut sembler plus abstraite et détachée des préoccupations immédiates de l'humanité.

L'énigme de l'exclusion

Certains ont avancé l'idée selon laquelle Alfred Nobel aurait délibérément exclu les mathématiques du prix en raison d'un désaccord personnel avec un mathématicien de renom de l'époque, Gosta Mittag-Leffler, qui lui aurait dérobé le coeur de sa dulcinée. Cependant, il n'existe aucune preuve solide pour étayer cette théorie, et il est préférable de laisser les conjectures sans fondement se dissoudre dans les limbes de l'histoire.

Une autre explication possible réside dans la nature même des mathématiques. Contrairement à d'autres disciplines scientifiques, telles que la physique ou la chimie, les mathématiques sont souvent considérées comme une entité à part entière, indépendante de la réalité physique. Elles ne nécessitent pas d'expériences matérielles pour être validées et ne dépendent pas des avancées technologiques pour progresser. Les mathématiques sont immuables, éternelles, et leur beauté est intemporelle.

La singularité des mathématiques

Cette nature philosophique des mathématiques a conduit à des débats et controverses sur la question de savoir si les mathématiques sont une création de l'esprit humain ou une entité indépendante et découverte par les mathématiciens. Ces débats ont alimenté une certaine hésitation quant à la reconnaissance des mathématiques en tant que domaine distinct pour le Prix Nobel.

Peut-être que l'absence de prix Nobel en mathématiques est le reflet de cette singularité. Les mathématiques sont une discipline à part, une quête purement intellectuelle qui ne nécessite pas de reconnaissance extérieure pour valider son importance. Les mathématiciens sont souvent motivés par leur amour pour les idées et les théories, par la satisfaction de résoudre des problèmes intrinsèquement intéressants et par la quête de la vérité mathématique.

La difficulté de l'évaluation

Une autre raison qui pourrait expliquer l'absence d'un Prix Nobel en mathématiques est la difficulté d'évaluer l'importance des contributions mathématiques. Contrairement aux autres disciplines, où les découvertes peuvent être plus facilement mesurées par des réalisations concrètes, il est souvent difficile de quantifier l'impact d'une avancée mathématique.

La portée des mathématiques est souvent vaste, avec des ramifications qui s'étendent sur de nombreuses autres disciplines scientifiques. Les idées mathématiques peuvent prendre des décennies, voire des siècles, avant de trouver une application pratique. Par conséquent, il peut être difficile de déterminer à quel point une contribution mathématique est révolutionnaire et d'évaluer son impact à long terme.

Une récompense informelle

Même si les mathématiques n'ont pas de catégorie dédiée au Prix Nobel, cela ne signifie pas pour autant que les mathématiciens ne reçoivent aucune reconnaissance. En fait, de nombreux mathématiciens éminents sont honorés par d'autres prix prestigieux tels que la médaille Fields, considérée comme l'équivalent du Prix Nobel en mathématiques, en termes de prestige en tout cas. Il y a toutefois deux différences importantes entre les deux :

  1. Elle est attribuée tous les 4 ans.
  2. Il faut être âgé de moins de 40 ans pour l’obtenir.

Le véritable équivalent du prix nobel serait plutôt le prestigieux prix Abel, qui a été créé en 2003 en l'honneur du célèbre mathématicien norvégien Niels Abel.Contrairement à la médaille Fields, le prix Abel est décerné chaque année et sans prendre en considération l’âge des participants.

Bien que les mathématiques soient exclues de la liste des Prix Nobel, leur importance fondamentale dans le domaine scientifique est indéniable. Le mystère entourant cette omission repose peut-être sur les motivations d'Alfred Nobel lui-même, les débats philosophiques entourant la nature des mathématiques et la difficulté d'évaluer l'impact des avancées mathématiques.

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